MOYD au Prieuré St Cosme

Moyd est le ramassis d’une langue entendue ici et là, au gré d’une marche souvent immobile. Les accents et les répétitions y sont comme dans toutes langues vivantes, mais celle-ci n’a aucune racine d’une historicité plongée dans un territoire, sinon l’imaginaire. Souvent on se surprend à griffonner entre deux gestes de création, et Moyd est né de cette inter-action, s’épaississant comme un livre de consonance. Et puisque la question du récit m’est souvent posé, je décidais très tôt d’y coudre un fil de coton rouge, comme le fil narratif dans la lézarde. Non content d’inscrire de belles lettres, ce nouveau volumen devait révéler sa sonorité. J’ai donc intégré la totalité du texte dans ce « cher » Google Traduction, car la possibilité de lire Moyd semblait impossible, tant les apprentissages culturels font barrage à une lecture spontanée. De plus, la voix synthétique imitant une femme slave, garantit un peu plus encore l’absurdité d’une langue réelle disparaissant tous les quinze jours, remplacée par cette autre langue fabriquée de toutes pièces, traduite par un robot. Pour terminer le cycle Moyd, je m’occupe actuellement de le traduire en français, toujours par le truchement de Google Traduction. Une langue n’ayant aucune réalité à communiquer, et restituant des enfilades algorithmiques. Mon rôle tient par un lien certain à pouvoir lire une matière poétique, car l’enjeu reste celui-là. Défendre cet espace-là.

FD

Photos Rémi Angéli©

 

Extrait sonore de MOYD