L’INCRI

L’incri est l’absorption des sonnailles. Les mots écrasés, retournés, désubstantifiés s’entendent une dernière fois. Trop de vilaines raisons à articuler la langue, lorsque l’on veut la forcer à prendre le cours des obligations. Un pauvre homme, émet une dernière fois. Il parle d’une voix chantée, avant que le silence fasse tâche, et élise sa grotte comme l’habitat d’une parole absente. Sa danse, son chant, son jeu, se passeront du sens auquel il faudrait comprendre l’histoire. Cette histoire ne se dit pas, on la devine et on la ressent. Quel besoin autre, pour savoir.

 

L’incri est une performance. Des machines musicales tournent, rien est enregistré, le bruit blanc s’époumone dans les filtres. Parfois la voix amplifiée dans un maillet, dans une fourchette, ou encore dans un simple micro, laisse entendre un texte sur mesure. Le corps se détache brusquement de cette table-atelier, pour formuler lui aussi son langage autre que celui des rhéteurs. Il veut coupler le geste dansé à la mémoire archaïque, frotter l’espace pour donner tort aux malins de la langue, provoquer le soufre, et envisager d’autres lumières.

 

L’incri est un travail long. Pauvre et long, satiné d’éclats recueillis dans l’œil. Les débris jonchant le crâne, migrent et s’étalent au grand jour. Ils font état des autres, beaucoup d’autres. Ils font état d’une solitude aussi, lorsque l’être-sujet, se heurte à son apprentissage et éprouve les distorsions entre le discours et l’acte. Une révolution abrupte, qui ne veut plus rien céder, surtout à la normalité engendrant ses dépits monstrueux. Des histoires de l’histoire, dont l’insuffisance morale tente de s’expliquer en chiffres, et datent même ses concentrations de pensées sans plus s’adresser aux nerfs détachés des perceptions élémentaires. Cela dit… avant… avant d’être roi du silence…

 

 

 

Photos Rémi Angély

AU SEUIL (titre provisoire) / création 2020

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AU SEUIL est un concert rituel pour deux voix, contrebasse et objets autour des rituels funèbres.
Issues de la musique contemporaine et de la musique improvisée, nous imaginons un concert rituel fondé sur une recherche sonore contemporaine, polyphonies de textures et de matières, techniques para-instrumentales, multiples modes de jeu vocaux.
Influencée par des recherches ethnomusicologiques et anthropologiques, la création AU SEUIL est une variation autour des adieux au morts, fortement inspirée de musiques traditionnelles liées aux rites funéraires. AU SEUIL compose une performance où dialoguent ces traditions et notre monde contemporain, un espace où le public est invité à une ode aux vivants, en chantant les morts.
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Distribution :
Mathilde Barthélémy / voix, percussions, objets
Mélanie Loisel / contrebasse, voix, objets
Fabien Delisle / mise en scène, conseil scénographique
Maxime Fabre / création sonore
Audrey Gendre / création Costume
Ingénieur lumière en cours de recherche
Date de création
29 janvier 2021 à l’EPCC d’Issoudun, centre culturel Albert Camus
Au Seuil, création 2020 du Collectif Laps-Zone (Tours) est portée par la Belle Orange (Tours).
Ce projet est soutenu par l’EPCC d’Issoudun (36), le Théâtre des Minuits (45), le Luisant (18), la ville de Bourgueil (37), la Louhenrie (41), le 37e Parallèle à Tours et la Pratique à Vatan (36).
Au Seuil est soutenu par la DRAC Centre-Val de Loire et la Région Centre-Val de Loire.

ACHAB au Point H^UT

 

ACHAB is a transversal project which takes place in a black aircraft. Inflated in an enclosed space, the public enters in this Leviathan and witnesses an allegorical phantasmagoria. Handled by Laps-Zone collective, it brings together Mélanie Loisel, Clément Darrasse and Fabien Delisle in this strange sphere.

 


 

 

 

 

Carte Blanche/Noir Palimpseste

Marilou Turmeau©

 

avec la présence de

  • Grave(s) / Musique d’improvisation avec Fabienne Yvain (clarinette basse), Marthe Vasa (Trombone) et Mélanie Loisel (contrebasse)
  • Myriam Lebreton / Improvisation danse contemporaine
  • Diantre / Musique d’improvisation avec Sylvain Berton (guitare) et Alain Ribis (piano préparé)
  • Clément Darrasse (installation filmique)
  • Marilou Turmeau (sérigraphie)
  • Continuum / Texte musical et calligraphie orientale avec Martin Delisle (machines), Mélanie Loisel (contrebasse), Marc Vichet (calligraphie) et Fabien Delisle (texte)

12 secondes/3 éclats au Phare de la Pietra

Le Phare de la Pietra se situe à Ile-Rousse en Corse. En 2017, à l’invitation d’entreprendre un travail de vidéo-art par l’association « Et pourtant ça tourne », je suis resté une semaine à l’intérieur afin de formuler un imaginaire. Muni de ma caméra et de mon crayon, je constituais une somme d’images et de mots, en sachant qu’à terme, une restitution se ferait sur le phare lui-même. Il est amusant de savoir que le sujet serait projeté sur ses propres murs, que sa surface blanche ne manquerait pas de réfléchir le caractère unique de ce bâtiment et ses environs. À caractère unique, évènement unique, ce travail ne pouvait qu’avoir sa résonance à cet endroit seulement. Et tant pis pour les retardataires ou les malchanceux de l’éloignement, il faut parfois être secret pour se sentir privilégié. Alors les 27 minutes de texte pré-enregistré servaient de structure poétique à toute une articulation d’images mixées en temps réel par un logiciel de V-Jing. Et comme le support pouvait recevoir le flux de deux vidéo-projecteurs, c’est mon amie Linda Calderon qui constituait le second élément du binôme. Une plasticienne en qui j’ai toute confiance pour ce travail sensible. Nous savions tous deux que nous pouvions présenter cent fois cette proposition et que jamais nous ne réussirions à rééditer la chose. Il faut dire que c’est tout ce que nous cherchions. Un geste triturant la matière des bits informatiques, constituant un espace poétique. Puisqu’il s’agit avant tout de cela. Composer un espace poétique, avec la signature du phare de la Pietra, et ses trois éclats en douze secondes.

Fabien Delisle


Photos de